Qui est David Benedek des Parfums BDK ?
Pour David Benedek, le parfum, c’est une histoire de famille. Une histoire qui commence avec son grand-père et qui se poursuit aujourd’hui avec la création de sa propre marque de parfums BDK. Passionné, curieux, ouvert et respectueux de cette tradition familiale, j’ai rencontré de David Benedek pour mieux comprendre son parcours.
Des souvenirs olfactifs, David en a de multiples et ils fusent dans tous les sens. Commençons par ses madeleines de Proust culinaires (David est un gourmet, plutôt sucré !). D’un côté, ce sont les poivrons farcis et parfumés au paprika de sa Hongrie paternel l’enchantent et de l’autre, les innombrables épices de son Maroc maternel qui pimentent ses déjeuners !
De ses nombreux voyages, ce sont les odeurs de pollution, une odeur acre, acide, lors de son séjour à Pekin University qu’il retient, sans oublier les odeurs vertes, chaudes, de terre et de bambou, près du Grand Lac du Palais d’Eté ; des odeurs de bois dans la Cité Interdite, ou encore les odeurs sucrées des cupcakes de la célèbre pâtisserie Magnolia, mais aussi les odeurs métalliques des rues, ou les odeurs vertes et boisées de Central Park, lors de son séjour à New York. Je pourrais encore continuer… Vous aurez compris, David a son nez en éveil, amoureux des belles odeurs et des belles matières. Néanmoins, David va être très influencé par l’histoire de ses grands-parents.
D’où vous vient cette passion du parfum ?
Je la puise dans mon histoire familiale. Une belle histoire qui me nourrit depuis ma plus tendre enfance, une source d’inspiration pour ma propre histoire BDK et qui ne cessera de m’influencer et de m’accompagner consciemment et inconsciemment. Mes grand-parents ont fui la Transylvanie pour rejoindre Paris. Mon grand-père, alors avocat, était dans l’incapacité d’exercer son métier. Mais, tout va basculer, quand pour faire plaisir à sa femme, qui rêvait d’un parfum, tel Je reviens de Worth, ce dernier deviendra le premier distributeur des parfums Worth, Jean Patou et Dior, auprès, entre autres des bases américaines du Havre. Puis, il établira dans les années 50, sa première parfumerie, au 277 rue Saint-Honoré, au 4ème étage. A l’époque, ma grand-mère devenue esthéticienne, s’entoure d’amies hongroises, dont sa très chère amie Lilly, une très jolie actrice parisienne. Ses amies dont Mancy, une chapelière en vogue à New York, lui ramèneront toutes les américaines, amoureuses du parfum français ! Le succès aidant, mon grand-père trouvera un local plus grand dans le même immeuble, au rez-de-chaussée. Mais tristement, il ne le verra pas l’ouverture de cette boutique, emporté par une crise cardiaque. Aussi, mon père aux côtés de ma grand-mère poursuivra courageusement l’aventure.
Quel est l’oeuvre de votre père ?
Une fois, la première boutique ouverte, de nombreuses clientes américaines affluent. Cependant, mon père va se tourner vers d’autres territoires. C’est au Japon, qu’il ira pour non seulement comprendre le pays, mais aussi nouer des liens, avec les agences de voyage. Et en 1970, il ouvrira 414 rue Saint-Honoré en face de la première boutique, une parfumerie entièrement dédiée aux japonaises, avec des vendeuses japonaises ! Enfin, neuf ans plus tard, il ouvre Benlux au 174 rue de Rivoli, une boutique soin & parfum, maroquinerie et accessoires homme & femme sur trois étages. Déjà, mon grand-père avait en son temps, innover en allant chercher des gants de cuir et des minaudières en Italie ainsi que de l’horlogerie en Suisse.
Quelle est la place de votre grand-mère ?
Ma grand-mère était comme ma meilleure amie. Elle me parlait beaucoup de son histoire et de sa vie avec mon grand-père. Elle reste pour moi, un exemple. C’était une femme de caractère, très curieuse, ouverte sur le monde et une grande travailleuse. Je dois dire qu’elle habitait dans le même immeuble que moi, ce qui me permettait, de pouvoir aller lui rendre très facilement visite. Cette dernière portait Rive Gauche d’Yves Saint-Laurent et avait une superbe collection de flacons de parfum que j’allais admirer dans sa salle de bain ! Je garde en mémoire le flacon de Miss Dior.
BDK est votre nouvelle marque ?
Avec BDK, je puise mes inspirations dans les traditions de la parfumerie française et son savoir-faire traditionnel. L’accent est mis sur les belles matières de la parfumerie, revisitées par une écriture moderne. Le “Made in France” est un élément très important pour moi, comme il l’était pour mon père. C’est ainsi que le concentré est fabriqué à Grasse, les différents éléments du flacon tant en Normandie que dans le Marais à Paris, et le packaging semblable à des livres, a été réalisé dans une entreprise familiale au Mans. Je dois ajouter que le capot a été imaginé en hommage à l’architecture du dôme du Grand Palais à Paris ! Ce lieu où l’on trouve toutes les plus belles expositions françaises et internationales est le symbole d’une ville où la création et la liberté sont reines.
Que racontent les 5 récits olfactifs des parfums BDK ?
J’ai choisi d’articuler les parfums BDK autour de 2 collections : la collection parisienne et la collection orientale parisienne. Pour la première, j’ai voulu créer des parfums de peau, féminins et masculins. Même si la parfumerie alternative se veut différente, tout en proposant des parfums mixtes, je tiens à apporter des créations parisiennes, qui parlent aux femmes et aux hommes qui les portent.
Dans la collection parisienne, on retrouve le Bouquet de Hongrie, un joli clin d’oeil à ma grand-mère, Pas ce soir. et dans la deuxième, Wood Jasmin, Tubéreuse Impériale et Oud Abramad.
Bouquet de Hongrie
Ce bouquet floral, conçu par Serge Majouillier, parfumeur chez Mane, est un joli clin d’oeil à ma grand-mère. D’ailleurs, elle a senti l’avant dernier essai, qu’elle aimait avant de s’en
aller… “L’idée était de travailler un bouquet floral frais et lumineux, à l’image d’une femme délicate et romantique, en l’associant à des facettes juteuses, vertes et fruitées. Cassis et poire amènent pétillance aérienne au bouquet de rose et de jasmin, sur un fond doux et confortable musqué et ambré” confie le parfumeur.
Pas ce soir
Avec Pas ce soir, on entre de plein pied dans l’univers de la Parisienne des années 20. Il s’agit d’un parfum plus chaleureux et sensuel autour de fleurs blanches charnelles, associées à des pointes insolentes d’épices. Violaine Collas, parfumeur chez Mane raconte « J’aime travailler avec les épices et leurs notes à la fois corsées et vibrantes. Je les ai associées à des fleurs blanches voluptueuses et à un accord chutney de coing, pour leur donner un effet délicieusement addictif. Une sensualité impertinente, réinterprétée sur un fond chypré, boisé et texturé pour une femme qui s’assume.»
Dans la collection orientale parisienne, je me suis inspiré de contes imaginaires, mettant en scène certaines matières premières. Il s’agit de personnifications de fleurs, de bois et autres matières nobles et rares. Profondément parisien dans le coeur, j’ai souhaité retranscrire les influences de mon enfance. Ce mélange entre l’Orient et l’Occident à Paris m’ont amené à imaginer cette collection aux notes chaleureuses et sensuelles. On y retrouve Wood Jasmin, Tubéreuse Impériale et Oud Abramad.
Wood Jasmin
Avec Wood Jasmin, on entre de plein pied dans le monde oriental. « L’idée de départ était de créer un parfum sur des nuances orientales très vanillées avec un coté addictif donné par des notes fruitées gourmandes comme le davana. Le voyage en orient est représenté par l’effet de l’encens de Somalie et la myrrhe qui évoquent des matières mystiques. Les absolus de jasmin d’Egypte et de rose de Turquie rendent un hommage aux fleurs orientales caractéristiques de cette région du monde. Les notes de tabac et de liqueur proviennent essentiellement du davana et du cypriol nargamuta qui donnent au parfum ce coté rétro. » confie Camille Leguay, parfumeur chez Cinquième Sens.
Tubéreuse Impériale
Ici, c’est la tubéreuse, cette magnifique fleur blanche, muette la journée et bavarde la nuit, la star de ce parfum. Cécile Matton, parfumeur chez Mane raconte « La tubéreuse est une fleur que j’adore car elle possède une aura sensuelle, presque charnelle. En l’associant à un bouquet de fleurs blanches et solaires, elle s’en retrouve magnifiée. Les notes crémeuses de l’iris et du santal et les tonalitésbaumées du benjoin viennent sublimer le coeur floral. »
Oud Abramad
Enfin, le oud est aujourd’hui une matière incontournable. Evocatrice d’Orient, elle est aussi très appréciée des orientaux, de grands amateurs de parfum. Ici Mathilde Bijaoui, parfumeur chez Mane explique « Il est toujours fascinant de travailler un bois de oud et de jouer avec ses nombreuses facettes. Ici, j’ai voulu créer la quintessence du oud en parfum, aux facettes épicées et boisées. La rose amène encore plus de sensualité orientale, intense et magnétique. Un bois de oud riche et précieux, sur fond boisé ambré. »
Tous les parfums BDK sont à ce jour disponible à la boutique Liquides dans le Marais ou sur le site internet www.parfumsbdkparis.com
Quel est le parcours de David Benedek ?
Après des études d’économie, je suis parti vivre à Pékin étudier à l’université, puis à New York où je fis un stage chez Interparfums. À mon retour, j’intègrer l’Institut Français de la Mode en 2012 où je me spécialise dans l’univers du parfum et des cosmétiques. Pendant plus d’un an, j’apprends à reconnaître les principales matières premières, les familles olfactives et leurs facettes avant de me perfectionner dans l’apprentissage des étapes nécessaires à la création de fragrances. J’ai ainsi pu me familiariser aux subtilités de cet univers, en sentant, en découvrant avec les équipes de Givaudan. Pour moi, cette passion s’est transformée petit à petit en un besoin… celui d’en faire mon métier ! C’est alors, que j’ai décidé de continuer cet apprentissage aux cotés de l’Institut Cinquième Sens qui m’a aidé à façonner mon univers olfactif, pour devenir la pierre angulaire de la maison de parfum BDK paris.
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