Ballade au Parc Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville
Le passage de Jean-Jacques Rousseau, à Ermenonville, fût bref, mais son empreinte forte y demeure. Située à la lisière de la forêt, qui porte son nom, Ermenonville abrite un des plus beaux jardins du XVIIIème siècle : le parc “Jean Jacques Rousseau”. Nature, rêverie et littérature, sont à l’honneur dans ce jardin, créé par le marquis de René-Louis de Girardin… N’hésitez pas à vous offrir une promenade dans un lieu, où la nature rejoint la littérature, et où l’histoire s’inscrit dans le paysage. Je vous suggère, donc, une visite guidée…
Bref historique du Parc Jean-Jacques Rousseau
Après être passé dans les mains de nombreux propriétaires, c’est en 2012, que le Conseil général de l’Oise décide d’agir et de débloquer un budget de 12 millions d’euros, sur trois ans. La même année, le parc reçoit “le label de Centre culturel de rencontre” – un beau cadeau pour un jardin ! Un an plus tard, Corinne Charpentier prend la direction du jardin. De formation artistique et non botaniste, elle a accepté la mission de valoriser ce lieu singulier, de lui rendre son esprit des Lumières, et d’y instiller de la création contemporaine, tels l’écriture, la danse, les performances, les arts visuels, avec un programme de résidences, de diffusion et d’animations.
Aussi, Corinne a analysé comment tirer les leçons de cet héritage culturel au 21ème siècle ? “Pour elle, il s’agit de revivifier ce lieu conceptuel, philosophique et poétique, par la création contemporaine, en travaillant autour des valeurs léguées, par le jardin», explique Corinne Charpentier, directrice de ce vaste jardin que Jean-Jacques Rousseau découvrit en 1778, quelques semaines, seulement avant sa mort. Elle est aussi accompagnée de Vincent Lahache, responsable des espaces paysagers. Tout aussi passionnés, les deux forment une équipe de choc !
Le jardin d’après Girardin
Conçu par le marquis René-Louis de Girardin selon une scénographie propice à la méditation, et la rêverie, le paysage se transforme à fur et à mesure que le promeneur chemine. C’est en pensant à “Julie ou la Nouvelle Héloïse”, que ce dernier a conçu le parc, au temps des Lumières, un jardin aux antipodes de Versailles. Son autre source d’inspiration provient des jardins britanniques, et plus particulièrement celui de Leasowes, près de Birmingham. Un jardin élaboré par le poète William Shenstone. Girardin invente consciemment, ou inconsciemment – les nouveaux jardins de nature. Ainsi, le parc ne respecte plus des règles architecturales, ou mathématiques, du jardin « à la française » mais suit des considérations artistiques. Il est agencé, comme l’on compose un tableau influencé par Nicolas Poussin ou Hubert Robert.
Ce jardin, romantique avant l’heure, et voulu dès l’origine, comme un lieu ouvert aux villageois, a attiré des personnages prestigieux, comme Jean-Jacques Rousseau, qui y séjourna les six dernières semaines de sa vie. Dès sa mort, le jardin accueillera, la visite de l’Empereur d’Autriche Joseph II, de Marie-Antoinette, des révolutionnaires Mirabeau, Danton et Robespierre puis des gens de lettres, tels que Mne de Staël, Victor Hugo, George Sand ou Gérard de Nerval.
Visite du Parc
Parsemée de fabriques pittoresques, évoquant la philosophie, la philanthropie ou l’universalisme, le parc Jean-Jacques Rousseau, est un hymne à une nature, célébrée comme sauvage, mais aussi au progrès de la pensée et des arts.
Le visiteur a tout le loisir de flâner, dans cette belle nature, et d’y découvrir au gré de sa promenades, les « fabriques », constructions souvent d’inspiration antique, à la mode au XVIIIe siècle. Il en reste dix-huit. La grotte des Naïades, située dans les jardins Sud, symbolise l’accès à la connaissance, par le passage de l’ombre à la lumière. A l’intérieur de cette grotte, des messages y sont gravés. On y retrouvera ces commentaires, gravés dans la pierre un peu partout, dans le parc, mais plus ou moins lisibles.
Pas très loin, on pourra voir, le banc de la Reine, en hommage à Marie-Antoinette, situé face à l’embarcadère, édifié par la famille Radziwill, un temps propriétaire, à la fin du XIXe siècle. Plus loin, la glacière, sorte d’igloo de pierre, est également caractéristique du XVIIIe siècle. Le promeneur se trouvera alors devant une vaste étendue. « C’est la prairie arcadienne, explique Corinne Charpentier. Le marquis de Girardin laissait les paysans venir ici avec leurs troupeaux », afin de montrer l’importance de l’agriculture, mais aussi en référence à l’Arcadie des mythes grecs, symbole d’une vie simple et heureuse.
Les végétaux du parc
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- Éléments végétaux : Arbres remarquables, arbres d’alignement, arbustes, plantes vivaces, prairies.
- Plantes odorantes : rose, lilas, jacinthe, narcisse
- Arbres remarquable : platane, hêtre, chêne, tilleul, pin Laricio.
- Arbres d’alignement : tilleul, platane Arbustes : rhododendron, néflier, fusain.
- Plantes vivaces : fougères, graminées, etc.
Jean-Jacques Rousseau et les parfums
Pour le philosophe, Jean-Jacques Rousseau, “l’olfaction est le sens de l’imagination“. Il va même jusqu’à dire, qu’il est au goût, ce que la vue, est au toucher. “Le sens de l’odorat prévient, avertit de la manière, dont telle ou telle substance, doit être affectée et permet de rechercher ou de fuir selon l’impression que l’on reçoit d’avance” nous raconte t-il, dans “Emile ou de L’Education” Livre II 1762. Il est à noter, qu’une correspondance entre nature et odeur, est largement perceptible, dans l’oeuvre du philosophe.
Jean-Jacques Rousseau attache une importance à l’odorat dans la vie amoureuse. D’ailleurs, Jean-Jacques Rousseau estime que l’odeur d’un cabinet de toilette, n’est pas un piège aussi faible qu’il n’y paraît !… Au fil des années, Jean-Jacques Rousseau, se passionnera de botanique, jusqu’à dire : “Je raffole de la botanique : cela ne fait qu’empirer tous les jours, je n’ai plus que du foin dans la tête, je vais devenir plante moi-même un de ces matins, et je prends déjà racine…” Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Monsieur Duvernois, 1er août 1765
Informations pratiques
Y aller Parc Jean-Jacques Rousseau, Jardin des lumières 1, rue René de Girardin, 60950 (Oise) Ermenonville. Tél. : 03-44-10-45-75.
Ouvert toute l’année, de 10 heures à 18 h 30 (19 heures le week-end), fermeture une heure plus tôt à partir du 1er octobre.
A lire
« Le parc Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville », éditions du Patrimoine, coll. Itinéraires. 7 euros. Très complet, incluant trois chronologies sur la famille des Girardin, la vie de jean-Jacques Rousseau, l’actualité des jardins depuis 1700.
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