La fève tonka avec Marion Costero
Totalement subjuguée par Tous les parfums du monde, les 4 documentaire d’Arte, j’ai eu envie de revenir sur chacun d’eux pour vous faire découvrir les 4 parfumeurs que sont Nathalie Gracia-Cetto de Givaudan, Christopher Sheldrake de chez Chanel, Marion Costero de chez Givaudan et enfin Thierry Wasseur de chez Guerlain. Tous les quatre sont passionnés par leur métier et les matières premières naturelles. Aujourd’hui, Marion Costero nous parle de la fève tonka.
Quelques mots sur la fève tonka ?
Chaude, gourmande, vanillée, capiteuse, voici quelque uns des adjectifs pour décrire la fève tonka. Sa richesse aromatique captive les parfumeurs. “La fève tonka est déjà un parfum en soi. Elle a des facettes animales, gourmandes, pralinées. La fève tonka est plus complexe et plus construite que la coumarine” me confie Marion Costero, parfumeur chez Givaudan qui partage son temps entre Paris et le Brésil. Une note qu’elle affectionne, on peut même dire qu’elle est sa matière de prédilection. Elle aime l’utiliser en extrait. Grande gourmande, Marion me raconte que la fève se mange – elle a un goût vert, de fruit sec et de prune, un peu plus farineux et juteux. Cet ingrédient se révèle dans le coeur puis dans le fond du parfum.
La fève tonka est le sel du quotidien des populations du Venezuela, car c’est une ressource non négligeable. Marion a participé à une récolte, un merveilleux moment, riche d’odeurs. “Quand je voyage, j’agrandis ma bibliothèque de nouvelles odeurs.” me dira t-elle Marion tenait à venir sur le terrain pour rencontrer les gens qui récoltent la fève tonka. En effet, derrière la fève tonka, il y a plein d’histoires. Toutes les odeurs croisées seront pour elle des inspirations, et même des idées de futurs parfums. ” Quand je suis arrivée par le bateau, cela sentait, l’eau, le fleuve, la brise, avec une odeur sucrée et de tabac…”poursuivra t-elle. Le fruit sent déjà très bon. C’est une odeur balsamique presque pain d’épices, vanillée, et chaude. Aller à la rencontre de nouvelles odeurs in situ, c’est rencontrer de nouvelles expériences pour Marion. C’est au moment de la récolte que Marion découvrira que la pulpe sent le marron glacé et même la datte alors que la fève fraîche… n’a pas vraiment d’odeur. Ce voyage au coeur de cette communauté lui a aussi permis de voir leur gentillesse, l’enthousiasme de ces populations.
Découvrez Marion Costero ?
Marion a grandi dans un environnement rempli d’odeurs : entre une mère aimant les cuisines du monde parfumées d’épices et d’herbes aromatiques et ses séjours chez sa grand-mère dans les Alpes de Haute-Provence au milieu du thym, de la sarriette, de la lavande ou encore du tilleul ! “Ma grand-mère ne se soignait qu’avec des plantes et nous préparait des infusions de violette et de queues de cerise” se rappelle Marion. C’est ainsi que cette dernière voulait devenir ingénieur horticole, pour créer de nouvelles plantes, de nouvelles odeurs. Finalement, Marion ira à l’ISIPCA et deviendra parfumeur. Aujourd’hui, elle partage son temps entre Paris et le Brésil. Curieuse et ouverte, les jeux et les hasards de la vie, ont mené Marion vers des projets riches non seulement d’odeurs, mais aussi de culture et de botanique.
C’est à l’issue d’un DESS sur l’identité et la culture dans le bassin méditerranéen, qu’elle passera 3 mois à Marrakeck avec le botaniste du Jardin Majorelle, puis 6 mois à Cordoue. De cette recherche, une exposition vit le jour sur le parfum dans la tradition “Al Andalus”. De ces voyages, Marion est revenue avec une multitude de souvenirs olfactifs, tels la fleur d’oranger dans la cour de la cathédrale à Cordoue, les mélanges de végétaux et de résine avec beaucoup d’épices au Maroc. Vous aurez compris que Marion a une grande sensibilité aux produits naturels. Pour elle, ce sont des parfums en soi, tellement ils sont riches de diverses facettes. Le vétiver, l’immortelle, le ciste labadanum, le cédrat sans oublier la fève tonka comptent parmi ses favoris. Toujours en quête d’élargir son horizon, Marion, originaire de St Jean de Luz et grande amatrice de thé, a proposé l’année dernière au repreneur de la célèbre Maison Deuza, de composer des thés à la manière d’un parfum. Challenge réussi, aujourd’hui, c’est une gamme de 4 thés : le thé de L’infante, le thé du Roi Soleil, le thé des Amants de St Jean et la tisane de Sare. En dehors de ses beaux projets parfumés, elle oeuvre pour les grandes maisons brésiliennes de parfum telles Natura, O Botticario ou encore Jequiti pour n’en citer que quelques-uns.
très intéressant et agréable à suivre comme reportage, puissiez-vous continuer de la sorte. Merci.
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