La récolte 2015 du jasmin de Grasse
Dès la fin juillet, le jasmin est la fleur, que l’on fête tout l’été à Grasse. Cette dernière remporte un tel succès, qu’on l’appelle “la fleur” dans le pays grassois. Parmi les 200 espèces connues de jasmin de par le monde, les parfumeurs affectionnent le jasmin Grandiflorum, sinon ils ont sur leur palette, un jasmin Sambac. Je vous suggère un voyage au coeur du jasmin et plus particulièrement celui du jasmin de Grasse.
Le jasmin raconté par Robert Sinigaglia
Pour Robert Sinigaglia, directeur du développement matières premières naturelles Robertet à Grasse, “Le jasmin Grasse est d’une qualité remarquable, inimitable et très prisé des parfumeurs. Ceci est dû tant au terroir, qu’au
sol, tant au temps qu’au micro climat particulier, de la ville de Grasse et sa région.” Il me dira même, le jasmin, c’est le nirvana, c’est le bonheur. Et Robert, en parle en connaissance de cause, il en a ramassé…. avec de moins bons souvenirs pour son dos mais de meilleurs grâce aux ambiances fraternelles des cueilleurs. A la belle époque, les ramasseurs étaient non seulement des locaux, mais des familles entières qui venaient de Sicile ou encore de Calabre.
Une odeur du jasmin embaumait à Grasse et dans ses alentours dès 7h du matin. C’était une odeur aux notes lourdes qui reprenait le soir vers 19h, et là, son parfum était plus jasminé, plus fleuri, me raconte Robert Sinigaglia, un homme passionné par les plantes à parfum, il est entré chez Robertet à l’âge de 19 ans, aujourd’hui, à 76 printemps, il toujours aussi actif, et tout aussi enthousiaste. Le jasmin est ramassé depuis fin juillet jusqu’en octobre, le mois d’août étant la période la plus fleurie. “En début de récolte, il faut 7 à 8000 fleurs pour faire 1kg de fleurs, alors qu’en fin de récolte, la fleur étant plus petite, il en faut alors presque 14 000 fleurs pour 1kg soit en moyenne 10 000 fleurs pour 1kg. . Et une bonne cueilleuse ramasse 500gr à l’heure alors qu’on sait que 700kg de fleurs donnent 1kg d’absolu…” m’explique Robert Sinigaglia.
Que pensez de la récolte 2015 du jasmin Grasse ?
“Cette année est une année moyenne, la récolte n’est pas énorme.” Un jasmin qui a failli disparaître, il y a quelques années. Cependant, grâce à une poignée de parfumeurs et de grassois, dont la famille Maubert (propriétaire de la société Robertet) quelques hectares ont survécu à la concurrence internationale. C’est ainsi, que le “jasmin pays”comme on l’appelle a la vie sauve ! et que quelques parfumeurs de luxe consentent à en payerle prix. “Une nuance sans pareil, car c’est sans doute que le jasmin, est moins écrasé par le soleil que ses homologues d’outre-Méditerranée. C’est ainsi, qu’il délivre un parfum délicat aux notes florales, confiturées, subtiles et suaves, et le jasmin de Grasse reste aujourd’hui, encore sans équivalent dans le monde.” me confie Robert Sinigaglia
Au coeur des parfums légendaires
Ce merveilleux jasmin de Grasse s’accorde admirablement avec l’autre star florale de Grasse, la rose. Et ce duo de choc, a été remarqué par les parfumeurs créateurs comme Ernest Beaux, Henri Almeras…. Ils en firent des parfums qui ont traversé le temps. Ils sont d’ailleurs toujours en vente aujourd’hui. Il s’agit en effet, du Chanel N°5 lancé en 1921 et de Joy de Jean Patou lancé en 1930. Tous les deux contiennent du jasmin et de la rose de Grasse pour leur parfum unique. Autrement, François Demachy, parfumeur de la maison Christian Dior, utilise la production entière du jasmin du Domaine de Manon pour son parfum “J’adore” de Christian Dior.
Qui sont les producteurs grassois ?
C’est avec la famille Mul, exploitant agricole depuis 1804, que la maison Chanel a signé un contrat d’exclusivité pour le jasmin et la rose de Grasse. Les fleurs sont ramassées, puis transformées sur place en “concrète” (le 1er extrait) et ultérieurement en “absolue” (le concentré entrant dans le parfum). Cette proximité permettra ainsi de préserver le pouvoir olfactif de la fleur sans en altérer la teneur.
De son arrière-grand-père, Joseph Mul, l’actuel propriétaire et cinquième génération, a hérité d’une vingtaine hectares à Pégomas. Sur cette propriété agricole, les champs de jasmin ne couvrent que trois petits hectares mais livrent 90% de la production de la région de Grasse, complétée par une dizaine d’autres cultivateurs. D’après un article de presse, “une vingtaine de tonnes sont ainsi récoltées pour entrer essentiellement dans la composition du N°5.” Ce jasmin de Grasse pousse depuis le 17ème siècle, à Grasse. Son odeur équilibrée et délicate est indispensable à la création du Chanel N°5.
“Quand les parfumeurs décident de s’approvisionner à Grasse, ils choisissent le rare et le luxe, un quelque chose d’inimitable. On ne pourra donc pas inonder le marché” confie Carole Biancalana du Domaine de Manon et membre de l’Association de Fleurs d’Exception du Pays de Grasse. Suivant le modèle de Chanel, d’autres parfumeurs ont décidé de s’approvisionner auprès de producteurs locaux, qui ont eu l’ingénieuse idée de se regrouper en 2007, en association du nom de “Fleur d’Exception en Pays de Grasse”. Au total, il s’agit de 16 ha cultivés par 10 producteurs. Ainsi ils peuvent valoriser la qualité et pérenniser un savoir-faire ancestral mais aussi faciliter et encourager l’installation de nouveaux agriculteurs.
Pour connaître les fleurs cultivées à Grasse telles la rose centifolia, le jasmin, la tubéreuse, la fleur d’oranger, l’iris pallida et le lys de la Madonne, je vous conseille de vous rendre sur le site fleurs d’exception du pays de Grasse.
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