Qui est Dominique Daviaud ?
Ma série de portraits continue… Cette semaine, mon invité est Dominique Daviaud, l’homme, qui en 1991, a été à l’initiative de Lalique Parfums aux côtés de Marie-Claude Lalique, la petite fille de René Lalique. Lalique de Lalique, Lalique pour Homme Lion, Encre Noire sont quelques-unes des créations qu’il a orchestrées. Dominique Daviaud est autant sensible à la créativité et à la qualité du jus qu’aux beaux flacons. Suivons-le dans le dédale de sa carrière au coeur du parfum.
Amoureux de la voile, du golf, de la chasse, ce biker sage aime sillonner sur sa Harley Davidson, les petites routes de l’Esterel, pour humer les odeurs de la garrigue. C’est tout naturellement qu’il a fait carrière dans le monde du parfum et des cosmétiques. Dominique Daviaud est un homme ouvert aux autres et à l’étranger d’où il ramènera plus d’une anecdote amusante. Quand il allait négocier à Dubaï pour les parfums Paco Rabanne, les réunions se déroulaient dans un bureau, où ils avaient pour siège des valises Samsonite !…Pas surprenant ! l’agent était aussi celui de cette marque. A Djeddah, où il se rendait dans les années 75, il n’y avait qu’un hôtel de standing international. Il lui est arrivé de dormir sur les canapés du lobby ou d’être obligé de partager sa chambre avec un inconnu alors que les réservations avaient été bien enregistrées !…
Quels sont vos premiers souvenirs de parfum ?
Ma mère portait Miss Dior. A l’âge de 12 ans, je suis rentré pour la première fois dans une parfumerie, avec la ferme intention de le lui offrir, pour la fête des mères. Surpris par le prix, j’étais fier de lui faire ce cadeau ! Puis, quand j’ai rencontré ma femme, j’ai été envoûté par son parfum, son fabuleux sillage. Il s’agit de Chamade de Guerlain, une création extraordinaire.
Votre carrière dans le parfum, hasard ou coïncidence ?
Une fois mon diplôme de l’ESCP en poche, j’ai fait une stage à Londres chez Orlane. La société venait de créer sa filiale et ce fut une expérience formidable. L’équipe étant composée de 7 personnes, j’ai pu aborder tous les domaines d’activité. Une fois le stage fini, j’ai rejoint le siège à Paris. Dès mon arrivée, Monsieur d’Ornano m’avait prévenu que mon choix de travailler dans l’univers de la parfumerie orienterait toute ma vie professionnelle ! Effectivement, ce fut le cas, j’ai passé 7 merveilleuses années au service France, puis à l’export. En 1968, j’ai eu la chance de participer au lancement de la crème B21, un succès incomparable avec une publicité avant-gardiste. “190 Frs mais la jeunesse n’a pas de prix”.
Ma carrière dans le parfum a démarré chez Paco Rabanne en tant directeur export adjoint. A cette époque j’ai vécut au lancement du parfum Paco pour Homme, un autre succès incroyable. Monsieur Morille alors Président m’a séduit par sa gentillesse et son charisme. C’était une époque merveilleuse, il m’arrivait de partir 6 semaines de suite en voyage, sans téléphone portable, ni d’accès internet, on était coupé du siège avec une grande autonomie de décision….
Après une expérience de 7 ans avec le groupe américain Parlux (Anne Klein, Francesco Smalto…) j’ai intégré la maison Lalique aux côtés de sa Présidente Marie-Claude Lalique, la petite fille de René Lalique. Il fallait alors créer de toutes pièces la société Lalique Parfums. Ce fut une aventure extraordinaire où tout était à faire : créer les produits, créer les réseaux de distribution France et Export, en un mot, assurer le développement de cette marque, magnifique et riche d’une histoire exceptionnelle. Le premier objectif de Lalique Parfums était de faire de la “belle parfumerie” privilégiant “créativité et qualité”. Il est clair que le lien essentiel entre la maison de cristal et la société de parfum restait le flacon, le premier véhicule des valeurs de la maison, tout en transparence et en beauté.
Quelles sont vos plus belles rencontres dans le parfum ?
Elles sont nombreuses car les patrons étaient passionnants et étonnants de charisme. Je commencerais par Hubert d’Ornano, le fondateur et propriétaire d’Orlane, puis de Sisley. Une forte personnalité, un meneur d’hommes, même s’il n’était pas toujours facile. C’était un excellent vendeur fourmillant d’idées. Ensuite, j’évoquerais le souvenir de Monsieur Morille et la famille Puig. Ce dernier m’apprit le contact direct avec le client détaillant et toute son importance. Son credo était les vendeuses et la formation. J’ai toujours porté une attention particulier aux vendeuses, en allant discuter avec elles. Pour moi, elles sont le maillon le plus important de la chaîne, car elles sont en contact direct avec le consommateur.
Je citerais aussi Maurice Roger, un grand patron, qui ne se réfugiait pas derrière les tests. Il allait jusqu’au bout de ses convictions. Son lancement de Poison de Christian Dior en est un bon exemple. Il y a bien évidemment Sivio Denz, un passionné mais toujours lucide. Propriétaire d’une chaîne de parfumeries en Suisse, il s’est passionné pour le parfum et a bâti son groupe en rachetant les parfums Grès, Alain Delon, Jaguar puis Lalique. Aujourd’hui ce dernier est l’un des plus importants collectionneurs de flacons de parfum dans le monde.
Enfin, je terminerais par le cercle formé par Jean Courtière chez Givenchy, Pierre Broc chez Kenzo, Jean-Claude Le Rouzic chez Boucheron, Chantal Roos chez Issey Miyake, Laurent Normand chez Rochas, Christian Courtin chez Clarins et Vera Strubi chez Thierry Mugler. A cette époque, le choix d’une fragrance partait de l’intime conviction d’un homme ou d’une femme et non des résultats de tests. On ne gommait pas les aspérités et l’originalité des formules constituaient la priorité. Chez Lalique, la signature d’un parfum se résume à qualité, sophistication, puissance et technicité.
Votre rencontre avec Marie-Claude Lalique ?
C’était une femme très attachante, à la fois forte et fragile, une véritable artiste qui s’impliquait énormément dans la réalisation de ses créations. Quand nous avons choisi le dessin du flacon du premier parfum Lalique, notre choix s’est fait à l’unisson. Quant au développement du parfum lui-même, je lisais attentivement ses lettres manuscrites, remplies de conseils précieux et précis. Elle voulait un grand classique floral, toujours apprécié de nos jours, 20 ans après son lancement. A tout moment Marie-Claude Lalique, sculpteur plus que dessinatrice, était soucieuse de conserver et préserver l’héritage familial de son père Marc, et de son grand-père René dont elle était très fière.
Quelles sont les créations dont vous êtes le plus fier ?
Le premier parfum de Francesco Smalto fut l’une de mes premières signatures dont j’ai été responsable. Un projet mené avec la complicité de Francesco Smalto lui-même, un homme curieux et ouvert. Le bleu lapis lazuli du packaging m’est venue, en regardant la boutique Smalto où se trouvait une plaque bleue, alors que j’attendais de pouvoir traverser la rue François 1er ! Chez Lalique, c’est le parfum Perles que j’ai tout particulièrement aimé développer avec la complicité de Virginie Balleys. Un chypre moderne magnifique, d’une grande personnalité et dont le prix du concentré est extravagant. Son sillage est exceptionnel, d’une grande originalité et puissant.
Quels sont les parfumeurs créateurs que vous admirez ?
J’apprécie des parfumeurs comme Pierre Bourdon, Gérard Anthony, Dominique Ropion ou sûr Michel Almairac. Tous les quatre sont de très grands parfumeurs. Il y a aussi le regretté Laurent Bruyère, un parfumeur fantasque mais si créatif. Sans oublier, Maurice Roucel, le parfumeur de Lalique pour Homme Lion et Nathalie Lorson, la créatrice d’Encre Noire, de Perles et d’Améthyst. Ces deux derniers parfums figurant parmi nos best-sellers.
Avez-vous une collection de flacons de parfum ?
Effectivement j’ai une collection que j’ai commencé il y a 40 ans. Je me suis concentré sur les 1/2 once d’extrait, des références pratiquement disparues des catalogues. J’en ai gardé les flacons les plus emblématiques ; mes préférés restant le flacon Chevrefeuille de Marie-Claude Lalique, Jour et Nuit en 1999 et Ondine, une création emblématique de Lalique sans oublier les merveilleuses colombes de L’Air du Temps.
Bravo et merci pour avoir réalisé ce beau portrait d’un Gentleman de la parfumerie.
Avez vous pensé à Pierre Naulleau, l’heureux papa d’Eric ?
Bien cordialement,
Robert
Merci bettina pour ce portrait très juste d’une personne dont j’ai apprécié le charisme et la beauté d’âme lorsque nous avons eu des relations professionnelles.
Bien cordialement,
Nadia Barbier (ex Chauffaille)
Merci Bettina pour cet excellent article sur Dominique Daviaud, un grand de l’industrie de la Parfumerie avec un grand P.
Les Parfums Lalique n’auraient jamais existé sans lui ou sous une forme différente !
Vraiment très impressionant
Tres impressionnant Amitiés
Bonjour , je ne sais pas si ce message arrivera bien à mon ami Jean Claude Bizot que je n’ai pas vu depuis tant d’années mais auquel je pense assez souvent !!! J’ai essayé de te joindre mais aucun des numéros n’est valables … alors si tu as pu lire ce message appelle moi au 06 07 47 07 47 ça me ferait très plaisir de t’entendre . Amitiés Dominique Daviaud