Le jasmin, vu par Christian Dior
Dans le jardin de Christian Dior, il y avait des roses et sous toutes ses coutures ! Mais le jasmin, cette délicate fleur blanche, chère au parfumeur, y était aussi présente. On le retrouve surtout au Château de la Colle Noire, non loin de la ville de Grasse, dans le sud de la France. Je vous propose de le découvrir dans les parfums de la maison Dior. Poursuivons ce voyage olfactif avec le jasmin…
Christian Dior et le Jasmin
- Le Château de la Colle Noire à Montauroux
Comme aimait à dire Christian Dior “A deux pas de mes vignes et de mes jasmins, près de la terre, je me sens toujours plus assuré !” Une passion des fleurs qu’il avait hérité de sa mère. C’est dans cette belle Provence que les premières inspirations de Miss Dior naîtront. C’est aussi dans cette région, que Christian Dior, va rencontrer Edmond Roudnitska, le parfumeur derrière Diorama (1949) Eau Fraîche (1953), Diorissimo (1956), Eau Sauvage (1966), Diorella (1972) et Dior Dior (1976). Puis, suivront deux autres parfumeurs grassois Edouard Fléchier et aujourd’hui François Demachy.
Il va suivre de très près les travaux du Château de la Colle Noire et communiquera régulièrement avec l’architecte. Il cultive son jardin, et se découvre « paysan dans le cœur ». C’est ainsi que Christian Dior noue un rapport physique au terroir qui lui fera dire : « J’ai besoin de ce retour hebdomadaire à la terre. » Avec sa sœur Catherine, il fait la cueillette du jasmin et s’initie aux puissantes et voluptueuses effluves d’une nature sublimée… C’est ici, dans ce paradis floral, que le brillant couturier laissera s’épanouir ses talents de parfumeur.
Le jasmin sous toutes ses coutures !
Chut ! chut ! Plus un mot qui pourrait gâcher la beauté de ces photos ! Des photos clairement prises par un photographe qui aime le jasmin. Je vous laisse les regarder, les admirer en silence….
Cliquez ici pour regarder le portfolio. Toutes photos appartiennent à Christian Dior Parfums
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Diorissimo
Diorissimo est un hommage à la fleur préférée de Monsieur Christian Dior, le muguet. En réalité, Edmond Roudnitska a relevé le défi de réaliser le plus grand portrait olfactif hyperréaliste d’une fleur, pour laquelle aucun parfumeur n’avait travaillé auparavant. En fait, Christian Dior, y voyait dans cette fleur, un porte-bonheur dont les minuscules pétales blancs exhalent un parfum aux notes suaves, pures et légères. Mais, la gageure technique était immense, puisque le muguet n’existe pas, en tant que matière première. Cette fleur est dite “muette” tout comme la pivoine, la violette, le lilas, la jacinthe. Diorissimo contient quelques fleurs dont le jasmin, et pas de muguet.
Pour François Demachy, parfumeur Dior, “Edmond Roudnitska a retranscrit l’odeur du muguet avec une vraie puissance. C’est le muguet dans la forêt, avec l’humidité des sous-bois…. Il y a des notes vertes, mais ensuite très jasminées, des notes musquées avec des éléments modernes. Jusqu’à aujourd’hui, aucun autre soliflore au muguet n’a détrôné Diorissimo.”
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Miss Dior
Pour la petite histoire, Serge Hefter-Louiche, l’ami de Christian Dior, qui dirigera les parfums Dior, avait entrepris de faire son éducation olfactive. Pour Miss Dior, il voulait un parfum autour du Chypre de Coty et du Vent Vert de Balmain. C’est donc comme un jardin de fleurs que Paul Vacher, le parfumeur élabora ce parfum. Il est constitué d’un bouquet de rose, de jasmin et de gardénia qui repose sur une base de mousse de chêne. Cette dernière donne profondeur et richesse au parfum.
Sur la palette du parfumeur, on retrouve deux jasmins ; le jasmin Sambac et le jasmin Grandiflorum. Le premier est cultivé en Inde, aux notes plus puissantes et charnelles que le deuxième qui a été d’abord Grassois, puis égyptien plus tard et dont le parfum est plus classique et ensoleillé. Il s’agit du jasmin Grandiflorum d’Egypte que l’on retrouve dans Miss Dior.
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J’adore
L’histoire de J’adore démarre sous l’impulsion créative de Calice Becker parfumeur, avec l’idée d’être au plus près des
fleurs. C’est en réalité, un hologramme olfactif et floral, qu’elle a voulu réaliser. Ce parfum n’est ni une rose, ni un jasmin, ni un magnolia, il s’agit d’une nouvelle fleur aussi fictive que naturelle…. L’idée de la créatrice était d’impressionner et d’hypnotiser et non pas de créer un choc. Ce parfum fait une oeuvre de lumière.
Le jasmin utilisé est un jasmin Sambac, un jasmin indien. Pour François Demachy, parfumeur créateur Dior, “On ne peut comprendre l’Inde si on ne comprend pas la passion des gens pour les fleurs.
Puis, onze ans plus tard, François Demachy, créera J’adore l’Or, un voyage olfactif vers de chaudes nuances dorées, celle d’un coucher de soleil d’été, dans le sud de France, évidemment !….Là, pour J’adore L’Or, l’écriture du parfum traduit une audace aux accents opulents. Comme nous l’avions vu lors du billet sur la rose, vue par Christian Dior, François Demachy a choisi une qualité de rose et de jasmin provenant de Grasse, plus exactement du Domaine de Manon. C’est le jasmin Grassois, un Grandiflorum à la facette plus délicate, et une puissance provençale …..
Je vous recommande d’aller sentir les deux parfums c’est-à-dire J’adore et J’adore L’Or, vous pourrez comprendre par vous-même et vous rendre compte des nuances olfactives qui proviennent des matières premières que sont la rose et le jasmin. Le propos n’est pas de dire que l’un est mieux que l’autre mais de saisir en sentant que les vibrations ne sont pas les mêmes. Tout comme dans le vin, les notions de terroirs sont importantes et entrent en jeu.
Je vous recommande de lire Dior : les parfums, un livre de Chandler Burr. Cliquez ici pour en savoir plus.
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