Qui sont Michel Gutsatz et Clara Feder ?
C’est avec Michel Gutsatz et sa femme Clara Feder que je reprend l’aventure passionnante et riche des portraits des personnalités du monde du parfum. A l’aube de l’ouverture du show-room et boutique du Jardin Retrouvé, la marque initiée par Yuri Gutsatz, le père de Michel Gutsatz, je suis allée le rencontrer avec sa femme Clara.
Qui est Michel Gutsatz ?
Quels sont vos premiers souvenirs olfactifs ?
Mes premiers souvenirs olfactifs remontent à notre maison de campagne, à Val St Germain, près de Dourdan. Plus exactement, ils se trouvent dans le verger où des odeurs de pomme et de poire mêlées, alors tombées au sol. Puis, je mentionnerais celles des noix, de l’odeur du brou de noix, de l’humidité avec les mains noircies par la cueillette.
Mais je ne peux m’empêcher de penser à la rhubarbe et son odeur de la délicieuse tarte… Par ailleurs, derrière une odeur se trouve très souvent un goût. En effet, quand Proust parle de la célèbre madeleine, il évoque un goût et une odeur.
Quel est votre parcours ?
Fils ainé, je suis devenu Ingénieur civil des Mines de Nancy. C’est là que j’ai rencontré Bertrand Swartz, un grand pédagogue. Grâce à lui, j’ai pris conscience que la transmission était importante. Et plus précisément de l’importance du dialogue entre le professeur et l’élève. Je dois dire que l’idée de la transmission m’a toujours nourri.
Puis, j’ai été Maître de Conférences en Économie et au fil du temps expert international en stratégie de marques, et en management auprès des marques de luxe. C’est ainsi que j’ai créé un MBA à l’Essec dédié à la gestion des marques de luxe, en y établissant des partenariats avec les leaders du marché, tels que LVMH ou L’Oréal.
En 2000, entre transmission du savoir et gestion des talents, j’ai intégré le Groupe Bally en tant que directeur des Ressources Humaines et de la Communication interne. A cette époque, j’eus l’idée de repenser l’ensemble de la fonction RH et rénover la stratégie de vente et de service de l’entreprise, jugée essentielle à la réussite de la marque.
Après six ans à la tête de White Spirit, j’ai créé MGC, une agence en stratégie de marques, où les clients incluent notamment des marques de luxe et des fonds d’investissements.
Enfin, j’ai été le directeur des MBA à Kedge Business School (Marseille, Bordeaux, Paris et Shanghai) et professeur en Marketing à CEIBS (Shanghai).
A ce jour, deux ouvrages tels que « Luxury Talent Management », co-écrits avec Gilles Auguste, donnent les clés du développement des futurs leaders dans l’industrie du luxe.
Que retenez-vous de vos parents ?
De mon père, je garde une ouverture sur le monde. D’origine russe, ce dernier parlait 4 langues. En effet, aujourd’hui je suis adaptable et je me sens bien partout. C’est un atout fondamental.
De son côté ma mère, une femme d’action était aux commandes de l’entreprise. D’où la grande complémentarité de leur couple. Pour ma part, je suis dans l’action, le “make it happen”. Aussi, j’ai toujours les mains dans le cambouis !
Quels ont été vos mentors ?
Léonard Lauder tant pour ses idées du business que pour le développement de son affaire en Europe. De plus, je me souviens encore de la perspicacité d’une de ces remarques au cours d’un entretien. Pour lui il s’agissait : “Faire très attention à qui sont ses adversaires et comment lancer une marque”. A cet effet, il pensait plus particulièrement à Charles Revson, son grand concurrent.
Pourquoi avoir relancé Le Jardin Retrouvé ?
Au décès de ma mère, et celui de mes deux frères, j’ai décidé après mûre réflexion et fortement encouragé par des amis, de faire renaître le Jardin Retrouvé. En outre, il ne faut pas oublier que la marque a été la première dans l’histoire de la parfumerie de niche. De plus, elle avait une aura à l’étranger notamment à New York, au Canada, au Japon, en Italie, et en Grèce. Une période pendant laquelle j’ai aidé depuis l’étranger Arlette, ma mère, à l’époque en charge de l’entreprise.
D’autre part, Le Jardin Retrouvé a toujours été connue et apprécié par le monde de la mode. Rien d’étonnant puisqu’Arlette, ma mère avait travaillé chez Dorothée bis, Renoma et Hémysphère.
De plus, j’ai la grande chance d’avoir en ma possession toutes les archives du Jardin Retrouvé, créé par Yuri Gutsatz, parfumeur de renom en 1975.
Tout comme Yuri formait une équipe de choc avec sa femme Arlette, je suis accompagnée de Clara Feder, la mienne. Pour la petite histoire, je suis au commande de l’entreprise et Clara en charge de la direction artistique…
Quelles sont les valeurs véhiculées par Le Jardin Retrouvé ?
J’ai adopté les mêmes valeurs que celles de mon père. En premier lieu, la création est toujours le pivot central de la marque. Aujourd’hui, nous l’avons enrichie avec le travail de Clara, en charge de la direction artistique.
Enfin, nous rendons justice au créateur et à l’art du Parfumeur en plaçant le nom de Yuri à sa vraie place, c’est-à-dire au centre des flacons. Désormais, les parfums ont été adaptés aux normes IFRA par Maxence Moute, parfumeur et grand admirateur de Yuri. Une rencontre que j’ai eu la chance de faire à Marseille.
Puis, nous continuons plus que jamais à être intransigeants sur la qualité des ingrédients. D’ailleurs, certains proviennent des mêmes producteurs que Yuri utilisait en son temps !….
Nous refusons tout autant le marketing. Plus précisément, nous sommes dans un échange avec le consommateur. Un marketing de l’échange, un marketing relationnel.
Pour conclure, j’ajouterais la notion de développement durable pour notre marque. En tant qu’humaniste et poète, mon père avait le respect de la Terre Nourricière. Nous avons choisi de traduire cette préoccupation de l’environnement avec la recharge de LA RE:SOURCE, fabriqué avec des matériaux recyclés ou recyclables dans un souci de générer le moins possible de déchets.
A cette occasion, nous avons conclu un partenariat avec l’association Planète Urgence qui plante un arbre à chaque achat d’un Nécessaire ou d’une LA RE:SOURCE.
Pourquoi ce nom Le Jardin Retrouvé ?
Les fleurs ont toujours fait partie de l’oeuvre de Yuri Gutsatz. C’était pour lui une façon d’évoquer ce lieu qu’est “Le Jardin”. Et “Retrouvé”, symbolisait pour lui, un retour à une parfumerie sans marketing, c’est-à-dire un retour aux fondamentaux de la parfumerie. Aujourd’hui, Le Jardin Retrouvé revit, et évolue vers une nouvelle modernité, mise en scène par Clara Feder.
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