Qui est David Frossard ?
David Frossard est un homme d’action et de conviction au passé africain ! De son expérience en Afrique, il a gardé un amour pour les parfums vrais et de caractère. Entre Différentes Lattitudes et la boutique Liquides Bar à Parfum située dans le Haut-Marais, David Frossard, a désormais un regard “sous toutes les latitudes” du parfum. Avec Liquides Imaginaires, Ella K et les parfums Frapin, il est devenu un entrepreneur. Bouillonnant, il nous annoncera prochainement sa nouvelle idée, encore secrète.
Quels sont tes premiers souvenirs de parfum et d’odeurs ?
David Frossard Mes souvenirs sont plutôt Corse…Quand je rentrais de soirée, je remontais une colline d’où se dégageait un mélange d’odeurs entre bitume chauffé par le soleil et les effluves du maquis Corse. Des souvenirs joyeux de ce pays où j’aime retourner. C’était pour moi, l’odeur de la liberté.
Puis, j’évoquerais mes premiers pas professionnels en Afrique, où là, ce fut un vrai choc culturel et olfactif. C’est un pays où j’ai tout aimé…les gens, leur côté rude, leur joie de vivre où toutes les émotions se retrouvent dans leurs odeurs, leurs parfums et leurs huiles. En fait, de part leur climat tropical, chaud et humide, les africains aiment les parfums qui tiennent. Là-bas, tout sent ! Mais, ils apprécient aussi non seulement, les parfums avec du caractère, mais ils les osent. Ce sont des parfums de peau et d’épices….
Quel est ton parcours dans les grandes lignes ?
David Frossard En Terminale j’ai eu la chance d’avoir un professeur qui m’a fait découvrir et aimer la philosophie. J’ai donc fait des études de philosophie. Parmi tous les philosophes que j’apprécie, je citerais Descartes, un homme complet avec une belle écriture. En réalité, il n’a pas été uniquement qu’un cartésien, c’était aussi un homme sensible. D’ailleurs, il s’est battu, il a aimé et il a vécu. Puis, il y a Spinoza, car sa conception de Dieu m’éclaire encore aujourd’hui, et Rousseau que j’adore pour sa plume.
Ma vie dans le parfum a commencé en Afrique. C’est là que j’ai fait mes premières armes chez mon oncle, qui possédait une société de distribution de parfums de luxe. A l’époque, nous avions des marques telles que Boucheron, Dolce Gabbana, Versace, Givenchy et Nina Ricci qui m’a d’ailleurs fasciné. Son histoire est riche avec de la matière, un univers, ses flacons Lalique… Au final, j’étais porté vers les marques, qui avaient un vrai fond !
Au bout de 3 ans en Afrique, j’ai pris la décision de revenir. Et, c’est là que mes études de philosophie m’ont appris, que j’étais plus intéressé par la vie pratique que la vie théorique. C’est à cette époque que j’ai lu le livre Alexis Zorba de Nikos Kazantzakis, sur le sujet de la vie pratique. Un livre que je conseille aux gens qui se posent des questions.
J’ai eu la chance de travailler chez L’Artisan Parfumeur, avant qu’il ne devienne Craddle. C’est ainsi que j’ai rencontré Marie Dumont, alors en charge de l’Artisan Parfumeur et que je suis devenu directeur export pour la marque. Ce fut un défi pour moi, n’ayant eu que des clients africains….Il me fallait retrousser mes manches car à l’époque, tout était à faire : pas de réseaux de distribution. Cependant, Marie Dumont, m’a fait confiance, puisque si j’avais su vendre des parfums en Afrique, je pouvais tout autant, relever ce défi, avec les parfums de L’Artisan Parfumeur.
Que retiens-tu de ces années passées en Afrique ?
David Frossard J’ai découvert l’Afrique au travers de mon père, né au Cameroun, et de ma mère qui a vécu en Côte d’Ivoire. Même si je suis né en France, j’ai été bercé entre autre, par la cuisine maternelle bourrée d’épices et les souvenirs qu’évoquaient mes parents. Aussi, je me suis rendu compte que je me sentais chez moi, en Afrique. Et que j’apprécie la compagnie les africains.
De mes découvertes, j’ai aimé la Tanzanie, le Bénin, la traversée entre le Bénin et le Togo. Par ailleurs, j’ai aussi de bons souvenirs à Kano au nord du Nigéria, avec des gens qui faisaient une huile traditionnelle. Une odeur que j’apprécie beaucoup.
En 2005, tu crées Différentes Lattitudes. Raconte-nous tes débuts ?
David Frossard Certes, mon père était un entrepreneur mais j’ai toujours eu envie de réaliser mes propres projets. J’avais cela au fond de moi. J’ai donc démarré avec des marques chères à mon cœur, dont la plupart des propriétaires sont devenus des amis. Parmi eux, Fady Kerala, un type formidable d’Isource, une marque de soin, Marie-Hélène Rogeon des Parfums de Rosine, une femme formidable avec un caractère formidable ! mais aussi Marc-Antoine Corticchiato de Parfum d’Empire. Tous m’ont fait confiance immédiatement.
Aujourd’hui, j’ai moins de marques qu’à une époque où j’en avais plus qu’il n’en faut. Or, je tends maintenant à diminuer leur nombre pour les porter plus haut. A cet égard, je suis passé à un format différent. Actuellement, j’investis en prenant des parts en m’inscrivant, dans une durée plus longue que celle d’agent ou de distributeur. N’oublions pas que Différentes Lattitudes a plusieurs casquettes dont celle d’agent de marques, de distributeur et de retailer avec Liquide Bar à Parfum et le stand Liquide Bar à Parfum au Bon Marche.
Frapin, Ella K… sont marques où tu as des parts ? Comment les as-tu choisies ?
David Frossard Frappin est un pionnier. Ce sont des gens formidables qui oeuvrent sur le cognac, une eau-de-vie de vin, pilier de la culture française. Ils le travaillent, en effet, de façon philosophique. D’ailleurs, une génération leur est nécessaire (30 ans) pour produire leur bon cognac. C’est ainsi que le Maitre de chai me disait : “le cognac que je mets sur le marché était celui de mon père et le mien sera mis sur le marché par mon fils !” C’est là où l’on voit que les valeurs perdurent – cela pourrait être une leçon à retenir pour le parfum….
Aussi, j’ai adhéré à cette aventure, en racontant des histoires à travers des parfums, inspirés par une maison de Cognac et une famille ! C’est ainsi que j’ai trouvé 2 amis pour obtenir la licence. Aujourd’hui, les parfums Frapin représentent + 300 points de vente à l’international et 12 parfums à succès. Je citerais à titre d’exemple, “L’Humaniste” avec Sidonie Lancesseur de chez Robertet, “Orchis Man” avec Jérôme Epinette de chez Robertet aux USA et “Isle of Man” avec Alienor Massenet de chez Symrise. A chaque fois, nous travaillons avec un parfumeur différent, parce que c’est une rencontre et une histoire différente, que l’on veut écrire. Néanmoins, ces parfums sont élaborés de concert avec la famille Frapin.
D’autre part, j’adore rencontrer les gens, m’associer, agréger des énergies autour de moi, pour réaliser des projets. C’est ainsi que j’ai bien apprécié le travail de Sonia Constant, pour Liquides Imaginaires, sur Fortis et Don Rosa. Puis, j’ai rencontré son mari Olivier Gagliardi. J’ai donc eu envie de m’associer à cette nouvelle aventure de la création de la marque Ella K.
Tu as créé Liquides Imaginaires avec Philippe di Méo. Quelle est la genèse de cette marque ?
David Frossard Avec Philippe Di Méo, nous avons la même vision du parfum, la même conception du “sent bon”. Et puis, nous avions la volonté de dépoussiérer le parfum, sans prétention toutefois. C’est-à-dire le rendre plus rock, plus profond. En fait, Philippe di Méo a été le déclencheur de cette aventure. Artiste et visionnaire, il sait détecter les thèmes qui deviendront porteurs. Comme ce fut le cas, pour les thèmes ésotériques, gothiques, dark du parfum.
En partant de cette vision commune, nous avons levé de l’argent en 2013, auprès d’investisseurs privés. Nous avons donc démarré l’aventure de Liquides Imaginaires par une exposition artistique, devenue aujourd’hui une marque avec 400 points de vente dans le monde. En juillet dernier, nous avons réalisé une 2èmelevée de fond avec un nouvel actionnaire, pour nous accompagner dans l’âge adulte de la marque.
Nous fonctionnons par Trilogie pour chacune des collections (Eau-Delà, Eau Sanguine, Eau Arborante, Eau de Peau, Eau Imaginaire). Chez Liquides Imaginaires, nous avons une volonté de revenir à l’essence, même du parfum. En effet, à l’origine, le parfum était brûlé, avec les plus belles matières premières, pour honorer les dieux. Un rituel important pour demander toute intersession aux dieux.
A cette époque, le parfum revêtait une dimension importante et aujourd’hui il est devenu futile. Dans ce monde très matériel, le parfum peut encore nous apporter une dimension imaginaire, quand il est bien fait. Néanmoins, bien que mal traité souvent… il est toujours acheté. Or, de toute évidence, il garde une part de magie.
Notre dernière trilogie porte sur les lieux imaginaires L’Ile Pourpre ile de Platon dans L’Atlantide, Fleuve Tendre un parfum imaginé par la carte du tendre et Desert suave un doux mirage des sens….
Liquides, bar à parfum est le lieu des marques de Différentes Lattitudes. Quel est son esprit ?
David Frossard Il devenait nécessaire pour nous, d’avoir notre propre lieu et, nous l’avons trouvé dans le Haut Marais. Nous voulions écrire une sorte de manifeste, en mettant en scène notre vision du parfum, avec un vrai parti pris. Une vision iconoclaste en un mot. Dès l’entrée dans notre boutique, nous désirions protéger le parfum du client, en apportant un supplément d’âme. Très souvent, on ne voit que son corps et j’estime que c’est de notre rôle que d’y apporter ce supplément d’âme.
Chez Liquides Bar à Parfum, le parfum est derrière le bar. Tout le monde peut y entrer pour découvrir nos parfums mais il faut faire l’effort d’écouter l’histoire du parfum, le processus de création du parfumeur, le sens de sa conception mais aussi son énergie et sa passion.
Et maintenant, parlons de tes parfums ?
Comme tous les “gars” de ma génération, j’ai porté Egoïste de Chanel. Puis plus tard, ce sera Freetrapper de DS & Dourka, Belo Rabello de Liquides Imaginaire et Isle of Man de Frapin. Cependant, je porte peu de parfum des mes marques mais je porte ceux en développement. Car, chaque parfum une fois terminée est une histoire qui se termine pour moi et j’avais soif de la prochaine !
Quelles sont tes autres passions ?
David Frossard La boxe et la moto figurent au tableau de mes nombreuses passions. En effet, j’ai besoin de les canaliser et la boxe m’y aide. C’est en quelque sorte, un combat contre moi-même, mais aussi une discipline, qui me permet d’affronter les autres, donc moi-même. Par ailleurs, je suis professeur de boxe thaïlandaise. Enfin, je suis fan moto, une passion synonyme de liberté, d’adrénaline et de voyage !
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