Les aventures du verbe sentir
Sentir s’impose à chacun de nous, en tous lieux, à tous instants et en toutes circonstances. En effet, nous sentons et nous sommes sentis continuellement. Ce verbe riche et ambigü, recèle d’une multitude de significations que l’on n’imagine pas. Je vous propose un voyage sur les terres mystérieuses du verbe Sentir.
Sentir induit une sensation
Sentire, en latin, signifie éprouver une sensation. Il est à noter que ce verbe à l’origine désignait les cinq sens à la fois alors que dans la langue française, il se réduit à n’en désigner qu’un seul : l’odorat. Un sens, considéré comme bestial par les philosophes de la Raison. C’est ainsi que les sens de la vue, de l’oüie et du toucher ont prédominé sur l’odorat et le goût pendant toute cette période. Cependant, même si ces derniers ont renoués avec ces sens en réhabilitant le sentiment et la sensibilité, il n’en reste pas moins une confusion sur les diverses significations du verbe sentir.
La richesse et l’ambigüité du verbe Sentir
Si on réfléchit quelques instants, chaque sens a un organe et chaque sens a son verbe. Un verbe qui au-delà de son sens premier s’emploie aussi comme métaphore. Par exemple, on peut être amener à dire « j’entends » ou « je vois » pour comprendre.
Maintenant, si on s’attarde au verbe sentir, on est surpris par toutes ces significations.
Il s’emploie dans le sens :
- Percevoir ; « je sens le froid », « je le sens venir »
- Deviner : « je sens en lui une grande générosité », « je sens ce qu’il veut dire »
- Eprouver : « je sens une douleur au pied », « je me sens amoureux »
- Apprécier : « je sens le rythme »
- Suggérer : « je lui fait sentir sa faiblesse »
- Rejeter : « je ne peux pas le sentir »
On prend donc conscience que ce verbe sert à exprimer tout ce que les autres verbes des autres sens ne peuvent pas et ne font pas. Et en même temps, il parle d’un état général sans jamais donner à aucun moment une véritable finalité. Il en resort que Sentir est un verbe d’action voir même un verbe de réaction qui parle aussi bien d’un point de vue physique, spirituel qu’affectif.
Ce verbe est omniprésent….
Sans en être totalement conscient, nous employons le verbe sentir dans la communication de tous les jours. En fait, on l’utilise pour exprimer un acte de communication qui se situe en deça ou au-delà des cinq sens, et qui en même temps les contient tous. Etonnant pour un sens si méconnu et pas enseigné à l’école.
Finalement, il prend un sens aussi fondamental que le verbe être. Il est aussi le seul verbe dont le sujet puisse être un objet, c’est-à-dire un arbre, un jardin, un gâteau sentent.
Cette ambigüité se retrouve dans tout acte de communication. En fait il est là dans les rapports humains, organise notre vie quotidienne d’une manière subtile et cachée et qui n’en reste pas moins fondamental.
Je pense que l’on prend conscience de l’odorat lorsque l’on a un rhume, c’est-à-dire que l’on devient momentanément anosmique… C’est là que l’on voit que l’odeur est l’espace qui relie deux objets. A ce moment précis il désigne un point de repère (l’odeur du café et du pain grilllé au petit déjeuner), il représente l’essence même des souvenirs (l’odeur de la mer, du sable chaud, la crème solaire des vacances à la mer), une arme de séduction …..
On le reçoit « en plein nez » !
Le nez à ce moment là enregistre et retient les impressions reçues pour les rendre un jour inattendues avec une puissance et une précision que sont très loin d’avoir les souvenirs auditifs et visuels. Il s’agit de la fameuse Madeleine de Proust.
La richesse du sens olfactif nous ouvre et nous permet d’élargir notre perception du monde. Pourquoi ne pas en profiter ?
En attendant d’autres voyages, donnez moi vos impressions personnelles sur le verbe Sentir.
Bravo Bettina je me suis instruite et aime ton style et ton écriture.
A la lecture de ce billet, je me “sens” mieux !
Tant mieux, je suis ravie de l’effet de ce papier !…