Le musée du Parfum à Venise
Venise a désormais son musée du parfum, depuis juin 2013. Il a élu domicile, dans le magnifique hôtel particulier de la famille Mocenigo, situé à Santa Croce, un quartier encore authentiquement vénitien. C’est Silvia Manzoni, qui sera votre guide, une amie journaliste véntienne. J’ai décidé d’inviter régulièrement des plumes, de sites amis, sur faireletourdumondeenparfums.com.
Le premier musée du parfum
Le premier musée du parfum en Italie consacré à l’histoire du parfum a ouvert à Venise, dans l’hôtel particulier Palazzo Mocenigo. Le parcours, qui se déploie sur plusieurs salles, et permet de découvrir les origines du parfum, et les nombreuses corrélations qui le lient à la Sérénissime, fait partie du Musée de l’Histoire du Tissu et des Costumes. Ce dernier a récemment été complètement relooké, par l’architecte et scénographe de renommée internationale Pier Luigi Pizzi.
L’hôtel particulier du XVIIIème, siècle qui héberge le musée du parfum, appartenait à l’une des plus importantes familles aristocratiques vénitiennes et fut offert en 1945 par le dernier descendant, Alvise Niccolo’, à la Mairie de Venise. Les travaux ont permis de récupérer les éléments architecturaux d’origine, ainsi que les meubles et les tissus, les moulures et les marbres, qu’aujourd’hui, le visiteur peut admirer dans un contexte assez proche de celui de l’époque quand ces salles étaient habitées.
Suivez le guide du musée de parfum
Après avoir parcouru les salons en admirant les fresques et les porcelaines, les objets en verre d’une finesse exquise et les costumes d’apparat, on arrive à la section consacrée au parfum, réalisée avec la société Mavive, une des rares entreprises, liées au parfum, qui restent dans la région, qui a participé activement à la réalisation de ce « musée dans le musée ».
Les cinq salles, qui autrefois, gardaient les livres de la bibliothèque de la famille Mocenigo ont été réaménagées, pour accueillir une collection d’objets qui montrent tous les processus de fabrication du parfum (on découvrira la reconstruction d’un atelier d’apothicaire et un très ancien orgue à parfum) et mettent en scène les matières premières.
Des livres et documents anciens sont également proposés, comme le très rare « Notandissimi Secreti dell’Arte Profumatoria » de Gianventura Rosetti, publié à Venise en 1555, le premier recueil de recettes cosmétiques, qui donne les secrets de fabrication des crèmes et d’autres produits de beauté, utilisés à Venise, à l’époque. Où la carte des voies des épices parcourues par les marchands vénitiens, qui ensuite rapportèrent à Venise, les plus beaux ingrédients pour créer des fragrances.
A admirer également les superbes flacons et diffuseurs que la maison Drom a gracieusement offert au Musée, des pièces uniques parfois très anciennes, faisant partie de la riche collection Storp (une de plus importantes au monde) que la société allemande possède et qui compte 2500 objets, certains datant de 3000 av. J-C.
Des appareils permettent au visiteur de reconnaître les principales familles olfactives, et des I-Pad connectés sollicitent les questions des passionnés, en fournissant des réponses, à toutes leurs questions.
Venise et le parfum
La ville se devait de rendre hommage aux fragrances car Venise fut la première des villes européennes à se mettre au parfum. Comme raconte l’historien Alvise Zorzi, au XIème siècle, la byzantine Teodora Dukas instaura cette nouvelle habitude. Elle était l’épouse du Doge Domenico Selva, qui importa à Venise deux choses jusqu’à là mal connues : la fourchette et…le parfum.
Les marchands de Venise, commencèrent à ramener en Occident, les essences les plus précieuses de Grèce et de Perse, d’Égypte et d’Arabie. A la fin du XIIème siècle, Marco Polo rapporta des ses explorations du Musc et toutes les instructions sur la manière de l’extraire.
Et les matières odorantes…
Venise devint donc la capitale du marché des matières odorantes. Par la lagune, transitaient les cargaisons d’ambre et de bois de santal, d’épices et d’aloès. A la Renaissance, toutes les femmes possédaient des diffuseurs de parfum, à forme d’oiseau (les Uccelletti di Cipro) qui permettaient de parfumer les pièces de leurs maisons. De leur côté, les épiciers commencèrent les premières expériences qui aboutirent ensuite à la réalisation des Eaux de Cologne.
A Venise, fleurit également l’industrie du savon, il y avait 40 établissements au XVIème siècle. La ville devint le principal carrefour du commerce de biens de luxe, elle enregistra un boom des préparations cosmétiques, des onguents, des créations odorantes, dont les ingrédients principaux atteignirent des prix exorbitants.
De Venise, la mode arriva dans les autres villes italiennes, Mantoue et Florence en tête.
Avec Catherine de Médicis, qui en 1533 épousa le futur roi de France Henri II, les fragrances (concoctées par son parfumeur attitré Renato Bianco qui en France, sera rebaptisé René le Florentin) se diffusèrent à la cours de France, pays qui allait inscrire un nouveau, long et glorieux chapitre de cet art.
Qui est Silvia Manzoni ?
Silvia est née à Venise, où elle a grandi et obtenu un doctorat en Lettres Modernes. Elle a commencé sa carrière professionnelle de journaliste, dans la rédaction vénitienne du quotidien Il Gazzettino. Depuis une vingtaine d’années, elle vit à Paris, où elle collabore avec des journaux italiens et français, sur des sujets qui vont de l’actualité à la mode, des faits de société à la cosmétique et au parfum. Avec deux collègues italiennes, com, elle a fondé www.venise-paris.com un site qui fait découvrir des adresses et des parcours insolites dans les deux villes.
Informations pratiques
Palazzo Mocenigo, Museo di Storia del Tessuto, del Costume e del Profumo
Santa Croce 1992, Venezia (arrêt du vaporetto San Stae, ligne 1), tel. +39 041 42730892 Informations: mocenigo.visitmuve.it. Entrée 8 €, billet réduit 5,50€
Du 1 novembre au 31 mai de 10 h à 16 h (billetterie 10 h-15h30) du 1 avril au 31 octobre de 10 h à 17h (billetterie 10h-16h30), fermé le lundi, le 25 décembre, le 1 janvier, le 1 mai.
Quelques suggestions de lecture sur Venise
Merci à vous et à Silvia pour cet intéressant article 🙂