Paris 1900, la ville spectacle au Petit Palais
Le Petit Palais, présente une belle exposition, Paris 1900, la ville spectacle jusqu’au 17 août. Elle nous invite à revivre les heures fastes de la capitale française, au moment, où elle accueille l’Exposition Universelle, qui inaugure en fanfare le 20e siècle. Plus que jamais, Paris rayonne aux yeux du monde entier, comme la cité du luxe et de l’art de vivre.
L’exposition, Paris 1900
Le visiteur, est convié à un voyage semblable à celui des 51 millions de touristes, qui affluèrent à Paris en 1900, créé par une scénographie inventive, intégrant le tout nouveau cinématographe au fil de l’exposition. Tout s’organise autour des six « pavillons ». L’exposition démarre par « Paris, vitrine du monde » évoquant l’Exposition Universelle. Des projets architecturaux, des peintures, des films mais aussi de pittoresques objets souvenirs, et des éléments de décors sauvegardés, sont là pour rappeler cette manifestation inouïe.
Mais, Paris 1900 ne saurait se résumer à l’Exposition Universelle : Paris, la Ville lumière, proposait bien d’autres occasions d’émerveillement et de dépenses. Dans les magasins de luxe et les galeries d’art, les amateurs pouvaient découvrir les créations des inventeurs de l’Art Nouveau, présenté ici au sein d’un second pavillon, dédié aux chefs-d’oeuvre de Gallé, Guimard, Majorelle, Mucha, Lalique… Ce sont, au total, plus de 600 oeuvres – peintures, objets d’art, costumes, affiches, photographies, films, meubles, bijoux, sculptures…pour expliquer, faire revivre au visiteur l’ambiance de ce Paris de 1900.
Qui est la Parisienne de 1900
La Parisienne, est le symbole de la femme nouvelle, du Siècle Nouveau et de l’Art Nouveau. Elle tient une place particulière, la place d’honneur. En réalité, elle apparaît quelques années auparavant, lorsque cette dernière acquiert certains droits. Avide d’égalité et d’indépendance. Indépendante et élégante, c’est elle qui lancera la mode, admirée par le monde entier.
La Parisienne, élégante, a son parfum. Quant à celle qui le parfum découvre et n’a pas l’éducation sociale pour choisir, elle opte pour des valeurs sûres et fera son choix, parmi les marques de l’époque comme Violet, Coudray, Gellé, Cottan, Pinaud, Delettrez, Molinard, Guerlain, Dorin et Lubin. Des noms comme Rigaud, Agnel et Roger & Gallet étaient là, depuis le second Empire. Sinon, afin d’éviter tout impair, la Parisienne, se rend à la “Parfumerie du Monde élégant”, le nom donné à la Maison Delettrez, en 1853. Il est à noter que les parfums “dernier cri”, sont résolument trop forts pour les femmes de la tradition du XIX siècle.
Les parfumeurs de l’exposition universelle 1900
Cette exposition universelle est aussi innovante que celle de 1889, qui présentait les premières découvertes des produits de synthèse, en annonçant la naissance de la parfumerie moderne.
Cependant, c’est à l’exposition universelle de 1900, que des artistes sont appelés pour réaliser les stands.
- La Maison Houbigant
D’ailleurs, il existe peu de documents relatifs à la décoration du salon du parfumeur à l’Exposition Universelle de Paris en 1900, si ce n’est la seule description détaillée connue du journaliste Jean de la Tour, dans Le Figaro du 23 mai 1900 :
“ Le salon d’Houbigant a été orné par le maître Muscha (sic), et c’est en quelque sorte l’apothéose de la parfumerie par les fleurs ! – frises superposées de cobée, de chèvrefeuille et de mimosa.
- Quatre panneaux symbolisent les fleurs principales : la rose, la violette, la fleur d’oranger et le bouton d’or qui est, on le sait, la délicate spécialité d’Houbigant.
- Quatre petites vitrines dessinées aussi par Muscha (sic), contiennent les flacons de la parfumerie Houbigant, et, au centre du salon, une jolie statue se dresse sur une couronne d’iris, de violettes et de roses.”
Mucha a réalisé un certain nombre de dessins préparatoires plus ou moins achevés, dont la réalisation a été confiée à divers artistes et artisans. Comme il est d’usage à la fin de ce type de manifestation, l’ensemble des éléments réalisés, pour accueillir l’exposition et les exposants sera démonté et détruit. Les vestiges matériels restent des exceptions. Du salon d’Houbigant, il ne resterait qu’un buste.
- La Maison Millot
Le stand des Parfums Millot a été réalisé par Hector Guimard et les meubles étaient dans le Modern Style.
- La Maison Oriz L Legrand
L’Exposition Universelle de 1900 à Paris a été le couronnement suprême pour la Maison Oriza L. Legrand, qui s’est vue récompenser par le Grand Prix. La vitrine est ainsi décrite dans le rapport du jury international : «MM. A. Raynaud et Cie avaient présenté les produits de la parfumerie Oriza L. Legrand, dans un salon Louis XV, isolé par d’élégants paravents, et garni de tentures de soie vieux rose et peluche vert d’eau. Le fond était occupé par deux grandes vitrines en bois laqué, reliées entre elles, par une troisième vitrine reposant sur une console en marbre blanc; de chaque côté, des gaines supportaient des vases de fleurs».
Les parfums nés en 1900
Parmi les noms de parfum que j’ai pu retrouver, lancé en 1900, on trouvera :
- L’idéal d’Houbigant
Présenté à l’Exposition Universelle de 1900, “L’Idéal” est un bouquet floral, créé par Paul Parquet. Ce parfumeur, fut l’un des pionniers dans l’utilisation des produits de synthèse. “L’Idéal”, contient des notes de synthèse, comme la coumarine, note qui rappelant l’odeur du foin et qu’il a déjà précédemment utilisé dans “Fougère Royale” ainsi que des salicylates, aux odeurs solaires de sable chaud. Considéré comme un bouquet chic et vibrant, avec des notes de rose et d’ylang ylang. Il fut aussi le premier parfum, à être vendu dans un flacon massif en cristal taillé, de Baccarat, orné d’un médaillon doré, dessiné par Javal. Ce flacon était disposé dans un écrin de soie multicolore.
- Kantirix de Millot
Ce parfum, aux formes originales et asymétriques, fut dessiné par Hector Guimard. Il amorce en quelque sorte, un nouveau regard sur le contenant des parfums, désormais considéré comme une oeuvre unique.
“Royal Vaissier” de Victor Vaissier
Une boîte à savon et un flacon de parfum, sont créés, alors pour l’exposition universelle de Paris en 1900. Le flacon est en cristal de Baccarat. Savonnier et parfumeur natif de Roubaix, propriétaire de “la parfumerie Vaissier” à Paris, Victor Vaissier lancera deux ans plus tard, “Violette” qui remporta un grand succès. Aujourd’hui il ne reste son château, surnommé “palais du Congo”, extraordinaire demeure qui évoquait le Taj Mahal et multipliait les références indiennes avec un luxe inégalé dans la région de Roubaix !…
- “Voilá pourquoi j’aimais Rosine” de Guerlain
Ce parfum, a été réalisé en 1900 pour l’exposition universelle, par Jacques Guerlain. Il s’agit d’un parfum sur mesure, pour Sarah Berhnardt, dont le prénom était Rosine. Le flacon conçu par Pochet et du Courval, représente un vase et le bouquet lui, est en soie. D’après Sylvaine Delacourte de Guerlain “J’ai retrouvé un esprit Shalimar, avec des notes de tête très appuyées de bergamote, citron , lavande , un coeur légèrement floral : rose , jasmin, iris : jusque là, je pense toujours à Shalimar. Mais le fond est tellement cuiré, fumé, presque un lapsang souchong ! avec une vraie mousse de chêne… je le trouve plein de caractère !”Un certain nombre des ces anciens parfums ont été reformulés par le parfumeur Thierry Wasser. Peut-être pourra t-on les sentir un jour à l’Osmothèque de Versailles ?…
- “Bouquet Nouveau” de Roger & Gallet
Créé pour l’expo universelle de 1900, le flacon de Bouquet Nouveau, est signé du sculpteur L. Chalon, avec des motifs typiques de l’Art Nouveau en vogue, à cette époque.
Les découvertes faites en 1900
Parmi les découvertes en parfumerie, on trouve, tout à bord, la mise au point des procédés de traitement des matières premières puis celle des notes de synthèses.
- Les nouveaux produits de synthèse
-1889/18891 Baur réalise la synthèse du premier musc nitré
-1891, Eckart découvre le rhodinol dans l’huile essentielle de rose damascena et en 1893, Barbier et Bouveault le trouvent aussi dans l‘essence de géranium
-1898, Tienman et Kruger isolent l’essence de lemongrass, le citral, à partir duquel ils préparent l’alpha ionone, à l’odeur fleurie et boisée de l’iris et de la violette
- Les procédés de traitement des matières premières
La Maison LT Piver
On connait bien évidemment les parfums des Etablissements LT Piver, mais sait-on qu’Alphonse Honoré Piver eût un rôle de première importance, dans la mise au point des traitements de matières premières.
– Pour l’enfleurage, il crée une méthode “pneumatique” destinée à activer la saturation des axonges et des graisses de boeuf.
–Pour l’extraction par les solvants volatils, il développe en 1885, un moyen d’appliquer le sulfure de carbone au traitement d’iris.
La Maison Robertet
Après avoir obtenu une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1900, Robertet, developpe de nouveaux procédés d’obtention de produits naturels odorants, comme les “incolores” naturels (1935) et les “butaflors” (1950). Ce seront des avancées technologiques reconnues par les grandes maisons de parfums parisiennes. Paul Robertet achètera la « fabrique » en 1875, et la Société P. Robertet & Cie sera constituée en 1888. En 1895 elle s’installe dans le quartier Saint-Claude, dans de nouveaux bâtiments, conçus par Eiffel où elle est encore aujourd’hui. Et en 1923, la deuxième génération des Maubert, les propriétaires de la société Robertet entre en scène avec Maurice Maubert, le grand-père de Philippe et Christophe Maubert, actuels dirigeants, qui développera de nouveaux procédés d’extraction.
Si vous avez des anecdotes autour de 1900 ou des parfums que j’aurais omis de citer, faites m’en part dans vos commentaires, je vous en serais reconnaissante !…
très intéressant.
j’ai trouvé un article qui évoque l’expo des parfumeurs dans La Revue de Grasse et le Bulletin Agricole de Grasse du 10/06/1900.
http://www.bibliotheques.ville-grasse.fr/EXPLOITATION/infodoc/digitalCollections/viewerpopup.aspx?seid=J3_19000610&i=00000001.jpg&search=ernest%20jaubert