La place de la lavande dans les parfums
Connue et longtemps ancrée dans l’imaginaire collectif pour ses vertus thérapeutiques et d’hygiène, la lavande reste néanmoins, le symbole de la Provence. Du carré des simples des monastères, on la retrouve dans les savon à barbe, puis dans les parfums masculins. Sa côte de popularité est cyclique… je vous suggère de jeter un coup d’oeil sur son actualité !
Petit rappel : la lavande, le lavandin, l’aspic
La lavande fine (lavandula officinalis) ou lavande vraie pousse à plus de 800 mètres d’altitude. Elle ne possède qu’une seule fleur épi, de couleur mauve avec des feuilles étroites, alors que le lavandin (lavandula augustifolia) est un croisement entre la lavande et l’aspic, avec des fleurs sous l’épi.
La première a une odeur aromatique, herbacée, camphrée presque chaude alors que la deuxième est plus aromatique. La lavande aspic, au parfum plus eucalyptol, plus camphrée et plus puissant en tête en est la troisième.
Une chose est certaine, les lavandes sont cultivées depuis le 19ème siècle dans les garrigues méditerranéennes. C’est pourquoi, elles font partie de l’image emblématique de la Provence. Fabrice Pellgrin, parfumeur Firmenich, me disait “J’ai grandi avec la lavande. Elle était dans les armoires sous forme de sachet, j’ai donc été habitué à la sentir dans mon jardin.”
La lavande, l’incontournable des parfums fougères
C’est en 1892, que la lavande apparaît dans un grand parfum Fougère Royale d’Houbigant. Un parfum qui donnera son nom a une famille olfactive “les fougères”. Aucune référence à la plante puisque cette dernière ne sent pas.
Il s’agit d’un accord élaboré par les parfumeurs contenant de la bergamote, de la lavande, de la coumarine, du patchouli et des mousses de chêne. Les plus grands parfums présent dans cette famille, seront Paco Rabanne pour Homme, Azzaro pour Homme, Drakkar Noir, Cool Water….
Je vous invite à lire l’article sur la famille des fougères.
En 1934, Pour un Homme de Caron ouvrit la voie en associant la lavande à de la vanille. Puis un tournant s’est opéré avec le Mâle de Jean-Paul Gautier conçu par le parfumeur Francis Kurkdjian. Cet accord a permis aux hommes d’être sensuel, tout en gardant de la fraîcheur et une certaine tradition. Le Mâle inaugure les fougères ambrées.
Elle est aussi là….
Serge Lutens l’utilise dans Gris Clair en boostant sa facette poudrée fraîche sur un fond boisé musqué très féminin.
En 2008, le parfumeur d’Hermès Jean-Claude Ellena travaille la lavande entre fraîcheur florale et la chaleur d’une réglisse gourmande. Avec Brin de Réglisse, la lavande s’affranchit de l’accord fougère, pour devenir une composante majeure de la fragrance. Désormais, elle sera utilisée soit en tant que fleur, soit comme nouvel accord oriental.
Souvent plus masculine que féminine, Chanel, lui dédie un parfum dans sa collection des Exclusifs. Jersey annonce une lavande élégante, douce et poudrée, comme auréolée de musc et de vanille. L’année dernière, la lavande était associée au gingembre épicé et à des notes de cuir bruni dans Boss The Scent. Alors qu’elle formait un trio indissociable avec le romarin et la sauge sclarée dans Paul Smith Essential.
L’actualité de la lavande
Délaissée un temps, la lavande redevient à la mode pour Fabrice Pellgrin. Ce d’autant plus que la parfumerie revient à une écriture plus authentique, plus vraie avec l’utilisation de produits naturels. Fabrice pense aussi que Fierce d’Abercombrie a redonné une impulsion à la lavande.
Cette lavande, on la retrouve aujourd’hui dans Bucoliques de Provence de l’Artisan Parfumeur. Ce parfum voit le jour au lendemain où la marque renoue avec ses racines, redessine son flacon et ses boutiques.
L’Artisan Parfumeur, a décidé de lancer une nouvelle collection où chaque parfum sera dédié à une région et un parfumeur.
Pour cette année, L’Artisan Parfumeur, a choisi la Provence et Fabrice Pellgrin, un grassois. Pour lui, la lavande reflète la Provence et le cuir fut premier matériau utilisé par les gantiers-parfumeurs de la ville de Grasse, la ville des parfums. Bucoliques de Provence repose sur cet accord entre une lavande, (un captif Firmenich associant la fraîcheur aromatique montante et un fond doux), et un cuir (en référence à l’intérieur d’un sac c’est-à-dire une odeur douce et rassurante de daim, de velours).
Dans cette même ambiance, Jean-Claude Gigodot, parfumeur indépendant et très présent auprès de la marque Au pays de la fleur d’Oranger, a imaginé une Lavande Ombrée, entre lavande et cuir apportant des facettes herbacées et épicées.
De son côté, l’Eau de Lavande de Diptyque, a réuni les trois types de lavande (une essence de lavande, une essence de lavandin, une absolu lavande). Chacune jouant un rôle dans la composition associée à la chaleur des épices (graines de coriandre, noix de muscade, feuilles de cannelier).
Quand la lavande ne joue pas le jeu du couple avec un autre ingrédient, elle s’inscrit en trace, pour apporter de la fraîcheur. Aujourd’hui, elle côtoie le pamplemousse et un cocktail d’épices dans Azzaro Wanted ou encore aux côtés du poivre et de la sauge dans L’Insoumis de Lalique. Tous deux sortent au mois de septembre et sont l’oeuvre de Fabrice Pellgrin.
Si vous aimez la lavande, quel est votre parfum préféré qui en contient en me laissant un commentaire ci-dessous
Une simple précision pour être en accord avec ce que j’enseigne à mes étudiants de l’isipca :la lavande(appelée lava dual officinal iris par les pharmaciens et lavande la Vera par les agriculteurs) est en fait par sa définition officielle la lavandula angustifolié.quand au lavandin,comme vous le dites très justement,il s’agit de l’hybride entre la lavande et l’as pic,il s’agit donc du lavandula angustifoliaxlavandula latifolia.je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance d’un modeste article que j’ai écrit sur la lavande et qui doit être encore disponible sur le site de l’osmotheque.bien à vous.zola
…un commentaire sentimental: oui,j’aime la lavande, c’est une petite madeleine d’enfance, ma grand’mère portait celle de Yardley. Elle se parfumait aussi parfois à l’Eau de Verveine de Dana qui reproduisait exactement et avec une ténacité obstinée, l’odeur de la feuille de Lippia Citriodora, la verveine citronnée des jardins,la Luisa des infusions marocaines. C’est elle, ma fragrance préférée. Mais l’Eau de Verveine de Dana n’existe plus et je n’ai jamais retrouvé dans les flacons actuels la même concrétisation de ce parfum. Je la cherche encore, je l’espère dans les nouveautés…Si vous l’avez rencontrée, faites moi signe, s’il vous plaît…
él:z
Merci Elizabeth pour votre commentaire. J’aime aussi beaucoup la verveine. Pour moi c’est une odeur joyeuse. Connaissez-vous l’Osmothèque à Versailles, ce musée vivant qui possède aussi des parfums disparus ? Je vais faire une recherche pour vous sur Eau de Verveine de Dana auprès de parfumeurs que je connais.