Un hommage à Sandrine Videault
Un parfumeur qui s’envole trop tôt pour d’autres contrées parfumées ; c’est un voyage qui commence trop tôt… Et pourtant, il y a déjà eu le départ de Laurent Bruyère en 2008, Mona Di Oro en 2011 et aujourd’hui Sandrine Videault, le 3 juillet 2013. Dernière élève d’Edmond Roudnitska, Sandrine avait réalisé son rêve en installant son laboratoire à Nouméa, sa terre natale. Je vous livre quelques impressions et souvenirs que j’ai eu avec Sandrine.
Chercheuse, archéologue des odeurs et des parfums anciens et bien évidemment parfumeur, Sandrine aimait mettre en lumière les vraies histoires du parfum pour les interpréter le plus justement possible et les mettre en scène. Comprendre, réfléchir, analyser et toujours chercher sans relâche pour faire avancer le parfum et sa création. Tels étaient quelques-uns de ses crédos.
Passionnée, pétillante
Vive, enthousiaste, passionnée, avec ses yeux bleus pétillants, elle avait une énergie folle…. à déplacer des montagnes. J’ai eu la chance de la rencontrer à ses débuts dans les années 97, alors que je commençais, moi aussi, mon métier de journaliste dans la presse professionnelle anglaise, américaine et française beauté/parfum.
Passionnées toutes les deux, nous avions régulièrement des conversations téléphoniques interminables quand on ne se retrouvait pas autour d’un café dans le quartier “des Abbesses” sur le métier de parfumeur et la parfumerie en général. J’écoutais avec délice, toutes ses histoires sur les parfums anciens et l’importance du parfum, tant dans la Bible que l’Egypte ancienne. Je faisais de fabuleux voyages olfactifs au travers de ses histoires !…
Les souvenirs olfactifs de Sandrine Videault
Des souvenirs olfactifs, elle en avait plein la tête…
“Petite je jouais aux cow-boys et aux indiens. Les cabanes que nous construisions, étaient faites en bois de Gaïac. Nous tapissions l’intérieur avec les feuilles de Gaïac séchées. L’odeur qui s’en dégageait, est celle de la fin d’un feu de cheminée avec une note encens.” me racontait-elle. Il s’agit d’un petit arbre résineux et odorant originaire des Antilles et d’Amérique Centrale, aussi appelé “Jasmin d’Amérique” dont on extrait la résine aux odeurs douces et balsamiques. Organza de Givenchy en contient.
Comme elle aimait à le dire, “j’ai grandi sur une île où l’odeur est une des langues vernaculaires. A mon arrivée à Paris, mes référents odorants étaient donc submergés par le bitume !..” Il lui a suffi d’un magicien, du nom d’Edmond Roudnitska, lui aussi amoureux de la Nouvelle Calédonie, pour les faire ressurgir.
D’ailleurs, elle disait “Je suis devenue parfumeur à cause et grâce à la Nouvelle Calédonie.” Plus tard, elle rencontrera un mama-guérisseuse qui lui montra les plantes de la forêt.
On aura compris que son plus grand admirateur parmi des parfumeurs était “Dame Nature” ! Ses rires et ses discussions, à battons rompus, vont bien évidemment me manquer mais souhaitons lui beaucoup de paix et qu’elle nous envoie plein de pensées parfumées…
Si quelques parfumeurs créateurs osent lire cet article, qu’ils veuillent, bien laisser en mémoire de Sandrine, tant leurs beaux souvenirs que leurs discussions enflammées en commentaire ci-dessous. Il n’est jamais trop tard.
chère bettina tu as fait un portrait tout en finesse et touchant quelle sont les creations de cette fascinante jeune femme?
Sandrine a participé à beaucoup d’expositions dont la reconstitution du Kyphi pour le Musée du Caire, une commande de l’Oréal Paris.
Pour les parfums, elle a composé Ambre Indien d’Esteban, L’Eau de Parfum pour la Rose de Carole Bouquet, Manoumalia pour Les Nez….
Je ne suis pas parfumeur mais je souhaitais vous remercier pour ce très joli hommage à Sandrine. Rencontrée à Nouméa au moment de la maladie de sa maman, nous sommes devenues amies et avons refait le monde plusieurs soirs sous ma terrasse ou sous la sienne. J’adorais lorsqu’elle me parlait et racontait son métier. C’était une vrai passionnée et une amie merveilleuse grâce à elle j’ai découvert ce qu’était le parfum réellement et j’ai eu la chance de voir son orgue à parfum qu’elle avait fait revenir à Nouméa. Ce fut une grande chance de la croiser sur ma route. J’en garde tout simplement un souvenir magnifique.
Merci Michèle pour ce joli témoignage. C’était effectivement une vrai passionnée, authentique et qui défendait ses convictions. J’adorai parler avec elle…
Bonjour. Quand j’ai découvert Ambre indien, je suis tombée raide dingue de ce parfum. Dès que je pouvais, j’en achetais, en encens, et surtout en vaporisateur et en concentré! Et puis, un jour, fini, impossible d’en trouver! J’étais dégoûtée, j’ai couru tous les endroits où que je pouvais…. Rien. Seule réponse que j’obtenais: ils l’ont arrêté, désolé. Alors ma question, quand un tel produit voit le jour: POURQUOI l’avoir arrêté? Ne reviendra t il jamais sur le marché? Merci de me répondre, au moins comme ça, je ne serais plus là à attendre……qu’il réapparaisse……..merci mille fois de prendre en compte mon attente.